« Apprendre à décider »
Episode 6 : Ma liberté commence où commence celle des autres.
En prise de décision sous haute intensité, il n’est pas rare que les capacités cognitives et analytiques du décideur final, responsable de l’exécution de la mission, risquent de s’avérer temporairement insuffisantes pour comprendre et analyser la situation de crise dans son ensemble et tirer les conclusions nécessaires en vue de prendre la bonne décision au bon moment. Le danger est alors grand que le rythme de l’action l’emporte sur le rythme de la compréhension et donc de la décision. La notion de décentralisation prend alors tout son sens, car c’est l’unique procédé pour éviter le risque de blocage.
La définition de la décentralisation est initialement administrative :
« Système d’organisation des structures administratives de l’Etat qui accorde des pouvoirs de décision et de gestion à des organes autonomes régionaux ou locaux ».
Cette définition vise ainsi à décrire l’emboîtement hiérarchique cohérent des niveaux de décision par un mode d’organisation destiné à permettre à des échelons locaux de décider et d’agir de manière autonome, en liaison avec un pouvoir central qui les y autorise. En creux, elle érige l’autonomie comme facteur constitutif pertinent de la décentralisation.
Pour une équipe et son leader, on peut sans difficulté transposer cette définition en remplaçant « Etat » par « décideur final », « organes régionaux ou locaux » par « équipiers ».
Reste à transposer la notion d’autonomie :
« Faculté d’agir librement, indépendance. Tenir à son autonomie ».
En prise de décision, et notamment lors de crises complexes, il est impératif, voire vital, pour le décideur final, d’attribuer une sphère d’autonomie suffisante aux équipiers concernés afin qu’ils puissent eux aussi traiter à leur niveau, et sans sa validation, leur part d’événement et prendre ainsi leurs propres décisions dans le bon rythme. Ils doivent donc bénéficier d’un degré de liberté d’action adapté, cohérent avec la mission générale.
Travailler en décentralisé permet au total d’accorder à ses équipiers un certain niveau d’autonomie, donc de liberté d’action et de décision. Le décideur final a de bonnes chances alors d’éviter l’engorgement, voire le blocage que provoqueraient des demandes de validation des actions de ses équipiers qu’il ne pourrait rapidement plus traiter dans le rythme de l’action en cours.
La décentralisation est un procédé fréquent en prise de décision. Mais c’est un mode d’action difficile à assumer par le leader, qui transfère alors à ses équipiers une marge d’autonomie sous sa responsabilité exclusive. Elle s’organise et suppose une perception très claire par l’ensemble de l’équipe de l’esprit de la mission générale. Il faut donc un haut niveau de confiance entre le décideur final et ses équipiers : à l’équipe la mise en œuvre décentralisée de l’action générale, au leader sa conception et sa coordination, sous sa responsabilité.
Conclusion.
Je me permets pour conclure de vous proposer comme à l’accoutumée une définition personnelle, sans doute perfectible, de la décentralisation en prise de décision :
La décentralisation est un mode d’action destiné, par la combinaison des libertés d’action que le leader accorde à ses opérateurs, à contribuer à préserver sa propre liberté d’action et de décision, dans un rythme compatible avec celui de l’action en cours.

Pour aller plus loin